COMPTE RENDU ASSEMBLEE POPULAIRE DU 11 AVRIL

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Compte rendu Assemblée populaire du 11 avril
Débat organisé autour du thème du salariat.


Cette quatrième assemblée populaire s'est tenue dans les murs de la faculté et a réuni quelques 80
personnes. La mixité était présente, à la fois dans la provenance des étudiants ( campus et discipline), et la présence de salariés, chômeurs et Rmistes tous venus débattre du salariat.

Le salariat :
Les organisateurs de cette assemblée ont effectué une brève introduction historique sur l'émergence du salariat. Il a été mis en parallèle avec d'autres formes telles que l'esclavage et le servage. Une distinction a également été faite sur l'existence d'un salariat moins soumis à la pression des employeurs (CDD, CDI), et l'existence d'un salariat précaire, ou d'un précariat.


Quelles sont les implications du salariat?
Le salariat induit généralement une possibilité de consommation, ainsi qu'un valorisation du travail comme mode de vie. A travers donc le prisme du travail, et des statuts qui en découlent, se dégage une vision de la société particulière, une société capitaliste, où donc salariat rime avec une appropriation des moyens de production par un petit nombre.

Une explication marxiste:
Le salariat est lié au capitalisme. Il y a donc une différence entre esclave et prolétaire. Selon Karl Marx, l'ouvrier n'est pas payé pour toute sa production, c'est donc ce qui permet à l'entreprise de faire une plus-value sur le travail. L'ouvrier constitue une force de travail que le patron loue, au contraire l'esclave n'est pas payé. C'est avec l'apparition du néo-libéralisme : plus de profit, que différents types de contrats ont émergé.

Une réponse :
La stratégie est si complexe que les rapports établis par Marx ne sons plus totalement valables. La définition du salariat en est modifiée, puisque les salariés participent eux-mêmes à la fois à la production d'une force de travail et à l'acquisition des moyens de production : actions, fonds de pension... Il y a désormais une interaction car l'e salarié devient à la fois exploité et exploiteur. Par exemple, si l'idéal devient "chacun son propre patron", alors on accepte des horaires beaucoup plus chargé que dans un salariat classique. C'est le cas pour les petits patrons.
A l'appui, il existe l'analyse de La Boétie : Discours de la servitude volontaire. Quand chacun participe à la construction de sa propre domination.

L'apprentissage à 14 ans?
Pourquoi pas? Dans quelles conditions?
Dans cette société, ce n'est pas possible car cela n'implique pas la diversité des activités manuelles mais bel et bien l'exercice d'un travail pénible, mal rémunéré, et souvent très fatiguant, empêchant par là le suivi des cours théoriques. Il faudrait inventer des écoles polytechniques, là oui, l'apprentissage est valable. L'apprentissage tel qu'il est proposé à 14 ans est très pénalisant. Ce genre de lois se base sur des pratiques coutumières d'orientation déjà en oeuvre dans les collèges, dans les filières techniques, et rarement repensées.

Quelles sont les possibilités de repenser les phénomènes de production et de consommation induites par le salariat?
L'autonomie et la liberté d'un individu est souvent associée à la "possession" d'un salaire. Est-il possible d'avoir une autonomie sans salaire? Le problème c'est qu'avec le salariat, il est difficile de vraiment contrôler la production, puisqu'il implique un travail pour un niveau de production et donc un minimum horaire de travail, aujourd'hui fixé à 35 heures. Contradiction entre un travail nécessaire à la subsistance "subjective" de chacun et le maintien d'une croissance et d'un niveau de production. En outre, tous les types de richesse sont alignées les unes sur les autres, biens matériels, intellectuels, services... Tous est soumis à ce maintien certes fluctuant du niveau de production
nécessaire.

Et le CPE?
Avzc le CPE, il y a eu apparition du thème de récupération de sa propre activité. cf. Rennes et la création d'un village autogéré; la possibilité de récupérer son temps de travail, de se couper du salariat pour développer sa propre activité; les écovillages montés en SCI, avec gestion autonome, auto-construction... Il y a donc des manières de vivre différemment, mais dans quelles conditions est-ce réellement possible sans se couper du système extérieur?

La société, un système hiérarchique d'exploitation, de domination de l'homme par l'homme?
Il n'y a aucune bienveillance dans les mesures qui sont proposées. l'idée aujourd'hui, c'est qu'on ne peut se socilaiser que par le travail. c'est une manière de nous modifier de l'intérieur... Il existe des manières de travailler, non rémunérées, mais qui sont très utiles : boulots associatifs, bénévolats dans les centres sociaux... Qu'est -ce que le travail? Qu'est-ce qu'un boulot?
Il est difficile de vivre de cette manière. Le RMI est nécessaire. Alors l'auto-gestion est-elle tributaire des subventions? et donc des impôts que certains par leur travail continueront à payer? Et puis, le réinvestissement des charges et taxes dans le social sont-elles vraiment efficaces, dans la mesure où il y a énormément de financements de particuliers pour des causes humanitaires : Aides, Greenpeace...

Un autre système?
La reproduction de ces petites expériences, qui ne sont sont que des petits foyers de résistance ne permet pas de changer les choses, car ce ne sont pas des espaces de construction de la société avec la société... C'est à dire des espaces de construction réciproque de la société, à cause de la marginalité et de leur dépendance au système d'aides.

La grève générale peut-elle aider?
Il y a le rôle de l'Etat à prendre en considération, mais également l'existence de tous ses relais. par exemple l'expérience espagnole "auto-gérée" est tombée par l'action des stalinistes sous Franco...Il faut repenser les solidarités de classe. Et puis que sont les masses? Existent-elles encore? Il y a en fait un rapport de force permanent. Le changement de système ne doit pas tomber du ciel. En Argentine, c'est l'expérience pas à pas des chômeurs qui a amené la possibilité de pouvoir modifier pendant un temps le système, puis il y a eu un crack économique, et l'existence d'une dette externe
de trois fois son PIB...

Quelle est la normalité du système?
Elle réside dans sa logique. dans un gouvernement de droite, voire de gauche, il est normal de proposer le CNE, et le CPE, il est également normal qu'il n'y ait pas de retrait réel...

Comment faire autrement?
Il faut créer du lien. Un des soucis majeur de l'immobilisme du système, c'est celui du désir. Le problème du travail est du salaire se situe peut-être là. On désire travailler pour avoir des thunes, et le désir principal devient consommer. Il y a un détournement du désir : travailler et consommer, ou refuser de travailler pour ne plus consommer. Il y a donc un problème au niveau du collectif. Il n'y a plus de rapport effectif, affectif avec les choses.

Peut-être faut-il reconsidérer l'autre?
Au centre du débat, il y a donc la question du rapport à l'autre. Il y a une difficulté majeure à construire des propos communs en dehors des problématiques collectives : travail et argent. En outre, il y a un problème de récupération des droits, des mouvements, et c'est toujours la même chose... Nous sommes dans des systèmes cycliques, très bien théorisés par les sociologues et les économistes : les régularités des mouvements sociaux.

Comment créer du lien?
Il faut se baser sur l'existant. Depuis les années 1970, la société libérale a créé le système du réseau, certes économique... mais à partir de ce modèle s'est également tissé un sytème d'associations, un système du petit à petit, dont il faut savoir tirer parti, de manière, à en finir avec ce décalage entre les discours et les manières de vivre... L'espoir est là.

Qu'est-ce qui fait entrave?
C'est le problème du regard... Le regard sur l'autre est orienté, préjugé : savant/profane, spécialiste/non spécialiste, patron/salarié, bourgeois/ouvrier... Il y a un processus de culpabilisation, qui est la plus grande entrave au désir... Chacun dans son coin. Les associations sont freinées, elles restent alternatives, puisque les gens sont persuadés d'avoir des intérêts divergents.

Comment impliquer les gens?
C'est là qu'intervient le petit à petit, la création de liens humains, de proche en proche. Par exemple, entre la ville et la campagne. En ville, il y ades contacts humains, des frictions sociales, il y a l'émergnece de tous ces réseaux, desquels émergent les idées. A la campagne, c'est qu'il n'y pas d'emblée cette communication avec les autres. on a moins besoin des autres. Chacun son mode de vie. On ne va détruire la ville, mais transformer celle qui existe déjà en dialoguant avec l'extérieur... et tout doit être comme ça. Il faut dépasser les dialectiques et les oppositions. On ne nous a pas appris à construire en commun ( il peut se renouveller tout le temps) mais à nous diviser pour le
commun, ou à diviser le commun. Nous pouvons faire cet apprentissage tous ensemble.

Prochaine assemblée populaire sur le thème :
Créer des liens, des lieux, un espace commun.

En effet, il nous est apparu nécessaire de construire un espace commun à partir des liens qui se sont formés ici, et des lieux auxquels nous appartenons. L'université est un lieu parmi d'autres qui s'ouvre à ce dialogue. A chacun de s'approprier cet espace, de proposer des thématiques, sous la forme qu'il souhaite et sur le thème qui le concerne, et qu'il aimerait discuter avec les autres. Le tour de parole a pris une autre forme. A chacun de savoir regarder et écouter, laisser la parole à ceux qui parlent moins fort... L'expérience de modération de la parole est en cela très intéressante : Faire tourner, faire couler.

Jeudi 13 avril, 18h30
Amphi Fabre, Université Bordeaux 2, Victoire.

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